Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 3.pdf/245

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châtiment que vous voulez faire tomber sur elle. Ma mère a péri de sa propre main.

Hercule

O douleur inexprimable ! Elle devait tomber sous ma main vengeresse, et mourir avec lichas son complice. Je veux sévir contre son cadavre même, la colère et l’emportement m’y forcent : pourquoi ma vengeance ne l’atteindrait-elle pas ? je veux que son corps devienne la proie des bêtes féroces.

Hyllus

La malheureuse n’a été déjà que trop punie ; vous-même voudriez retrancher quelque chose de ses souffrances. Elle est morte de sa propre main ; elle a expié vos douleurs plus cruellement que vous ne l’exigez vous-même. D’ailleurs ce n’est point la scélératesse de votre épouse qui vous tue. L’auteur de cette perfidie est Nessus que vous avez percé de vos flèches : votre robe, ô mon père ! a été trempée dans le sang de ce monstre, et votre mort est la vengeance qu’il exerce contre vous.

Hercule

C’en est fait maintenant, je vois clair dans ma destinée. C’est aujourd’hui mon dernier jour. C’est l’oracle qui me fut prononcé jadis par le chêne prophétique, et la réponse qui sortit pour moi du temple de Cirrha, qui s’élève au milieu d’un bois sacré au pied des deux cimes du Parnasse : « Hercule, tu périras un jour de la main d’un ennemi tombé sous tes coups ; après que tu auras traversé en conquérant la mer, la terre, et les enfers, tel sera le terme de ta vie. »

Je n’ai plus à me plaindre ; c’est ainsi que je devais mou-