Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 3.pdf/251

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regards sombres, et que ton disque se couvre d’épais brouillards.

O Soleil ! quand pourras-tu suivre à travers le monde les pas d’un autre Hercule ? Malheureuse terre ! de quel autre bras pourras-tu réclamer l’appui ? que feras-tu si une nouvelle hydre vient à déployer dans le marais de Lerne cent têtes furieuses ? si un autre sanglier dévaste les forêts de la vieille Arcadie ? si un nouveau tyran de la Thrace, plus cruel que les glaces de l’Ourse, repaît ses chevaux de sang humain ? que les dieux irrités envoient quelque fléau parmi les hommes, quel sauveur fera cesser leurs alarmes ? Il est mort comme meurent tous les hommes, ce fils de la terre égal au maître de la foudre.

Qu’un immense cri de douleur soit entendu par toute la terre ; que les femmes laissent tomber leurs cheveux en désordre et se frappent le sein. Que tous les temples se ferment, et que ceux de Junon triomphante demeurent seuls ouverts. Noble Hercule, tu descends aux rivages du Styx et du Léthé, d’où nul vaisseau ne le ramènera plus ; tu descends vers le séjour des Mânes d’où tu étais remonté victorieux de la mort. Tu arriveras aux enfers les bras désarmés, le visage abattu, la tête inclinée ; et la barque du Styx ne te portera point seul comme elle a fait jadis.

Cependant tu ne seras point rangé parmi les ombres