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aux dieux, tant que mon fils a vécu. Y avait-il quelque chose que la valeur de mon fils ne me pût donner ? les dieux me pouvaient-ils rien refuser, quand mes désirs avaient pour eux le bras de mon fils ? tout ce que Jupiter m’eût dénié, je l’aurais eu d’Hercule. Quelle mère eut jamais un pareil fils ? Niobé se vit frappée dans ses quatorze enfants, et pleura ces fruits nombreux de sa fécondité ; mais combien il eût fallu de tels enfants pour égaler mon Hercule ! Il manquait, jusqu’ici, dans le monde un grand exemple aux mères infortunées : Alcmène sera cet exemple. Séchez vos pleurs, vous que la douleur accable, vous que l’excès des maux a changées en pierres : tous vos malheurs s’effacent devant le mien.

Allons, mes tristes mains, frappez ce sein flétri par l’âge. Est-ce donc assez d’une femme vieillie pour célébrer dignement des funérailles qui bientôt vont causer les pleurs du monde entier ? n’importe ; dispose tes bras défaillants et frappe, ton sein. Pour rendre le ciel odieux à la terre, il faut appeler le genre humain tout entier à partager tes douleurs.



Scène III

Alcmène
Alcmène

Pleurez sur Alcmène, pleurez sur le fils du grand Jupiter dont la naissance coûta un jour au monde, et prit