Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 3.pdf/303

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malheurs n’en approchent pas, ô Électre ! du moins il t’était permis de pleurer la mort de ton père, tu pouvais punir ce crime par la main d’Oreste, sauvé par ton amour du fer de ses ennemis, et défendu par l’amitié ; moi, la teneur m’empêche de pleurer la mort cruelle de mes parens, et de gémir sur le trépas d’un frère qui était mon unique espérance, et ma seule consolation parmi tant de misères. Demeurée sur la terre pour y souffrir, je ne suis plus que l’ombre d’un grand nom.

LA NOURRICE.

Hélas ! j’entends la voix de la triste Octavie. Pourquoi ma vieillesse m’empêche-t-elle de courir à son appartement ?

OCTAVIE.

Chère nourrice, témoin fidèle de mes douleurs, je viens encore pleurer sur ton sein.

LA NOURRICE.

Malheureuse princesse ! quel jour vous délivrera de vos chagrins ?

OCTAVIE.

Le même qui me fera descendre chez les morts.

LA NOURRICE.

De grâce, écartez ce présage funèbre.