Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 3.pdf/317

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Et vous, la Junon de la terre, vous l’épouse et la sœur du maître du monde, sachez triompher aussi de vos ressentimens.

OCTAVIE.

On verra la mer se confondre avec le ciel, le feu s’unir à l’eau, l’Olympe au Tartare, la lumière aux ténèbres, le jour à la nuit, avant que mon âme, toujours pleine du souvenir de mon frère assassiné, s’unisse à l’âme impie de mon perfide époux. Puisse le roi des Immortels écraser d’un trait de sa foudre cette tête coupable ! Plus d’une fois, dans nos jours malheureux, la terre s’est émue au bruit de son tonnerre, ses sacrés carreaux ont porté la terreur dans nos âmes, et des prodiges extraordinaires sont apparus : naguère une flamme sinistre a brillé dans le ciel, une comète a déployé sa chevelure enflammée, dans cette partie du ciel où, durant les nuits, roule le chariot pesant du Bouvier, parmi les glaces de l’Ourse. L’air est infecté par le souffle d’un tyran cruel, et des calamités inouïes, prêtes à descendre du ciel, menacent tes peuples soumis à son empire. Typhon, que la terre enfanta jadis pour se venger de Jupiter, était moins farouche ; Néron le surpasse en cruauté : ennemi des dieux et des hommes, il a chassé les dieux dé leurs temples, et les hommes de leur patrie ; il a tué son frère, il a répandu le sang de sa mère, et il vit en-,