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LA NOURRICE.

Cessez de renouveler vos douleurs, et de rouvrir la source de vos larmes ; ne troublez point les mânes de votre mère ; elle n’a que trop porté la peine de sa faiblesse insensée.


SCÈNE IV.

LE CHŒUR.

Quel bruit a frappé mon oreille ? plaise au ciel que cette nouvelle semée partout ne mérite pas de croyance, et demeure sans fondement ! puisse une autre épouse ne point entrer dans le lit de notre empereur, et la fille de Claude conserver les droits de son hymen dans le palais de son père ! puisse-t-elle avoir des enfants, gages d’une heureuse paix qui se répandra sur le monde, et maintiendra pour jamais la gloire du nom romain !

La puissante Junon garde ses droits d’épouse de son frère : pourquoi la sœur d’Auguste, dont elle est aussi l’épouse, se verrait-elle chassée du palais ? quel sera donc le prix de sa piété si rare, de la divinité de son père, de la virginité qu’elle apporta à son époux, et de sa douce pudeur ?

Nous aussi, depuis la mort de Claude, nous avons oublié ce que nous fûmes autrefois ; une lâche terreur