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mée par l’excès de tes malheurs ? Plût au ciel qu’avant de le mettre au monde et de te nourrir, des bêtes cruelles eussent déchiré mes entrailles ! tu serais mort avec moi sans avoir connu la vie, sans t’être souillé par le crime : attachés l’un à l’autre dans un même corps, nous habiterions ensemble les paisibles bocages de l’Élysée, auprès de ton illustre père, et de tes nobles aïeux ; tandis que maintenant la honte et la douleur les assiègent, à cause de toi, perfide, et de moi qui ai pu enfanter un pareil monstre !

Marâtre, épouse et mère également fatale à tous les miens, il est temps de me cacher au fond des enfers.


SCÈNE II.

OCTAVIE, LE CHŒUR
OCTAVIE.

Séchez vos larmes dans ce jour de fête et de joie ; l’amour et l’intérêt que vous me témoignez pourraient allumer la colère du prince, et je serais pour vous une source de malheurs. Ce n’est pas le premier trait qui a percé mon cœur, j’ai souffert déjà de plus grands maux. Quand ce serait par la mort, ce jour me verra délivrée de mes peines. Je n’aurai plus sous mes yeux le terrible visage de mon tyran ; je ne partagerai plus la couche