Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 3.pdf/387

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L’heureuse femme de Drusus, Livie, se précipite dans le crime, et en subit la peine ; Julie, sa fille, fut entraînée dans le malheur de sa mère : elle ne fut pourtant égorgée que longtemps après, et périt innocente.

Quelle puissance n’eut pas aussi votre mère ? chère à son époux, et fière de ses enfants, elle avait dans le palais un souverain empire ; puis enfin, soumise au caprice d’un esclave, elle expira sous le fer. Parlerai-je de la mère de Néron, qui pouvait élever ses espérances jusqu’au ciel ? n’a-t-elle pas subi les outrages des rameurs tyrrhéniens, pour mourir bientôt par l’épée, victime de la cruauté de son barbare fils ?

OCTAVIE

Et moi aussi, ce cruel tyran va me faire descendre au triste séjour des Mânes. Infortunée, pourquoi retarder ce moment cruel ? traînez-moi à la mort, vous à qui la fortune a donné ce droit sur Octavie. Je prends les dieux à témoins… Que dis-je, insensée ? les dieux me haïssent, pourquoi les invoquer ? J’en atteste l’enfer et les divinités de l’Érèbe, qui punissent les crimes, et toi