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quand les crimes de votre famille l’ont chassé du ciel, et fait venir sur le monde une nuit soudaine en forçant le dieu du jour de ramener ses coursiers en arrière ? Pourquoi rejeter votre honte sur les dieux, vous si savant à vous glisser dans la couche des époux, vous dont le courage d’homme n’a éclaté jusqu’ici que dans l’adultère. Fuyez donc au plus vite, délivrez mes yeux de l’opprobre d’une glorieuse maison. : ce palais attend mon époux.

ÉGISTHE.

L’exil n’est pas nouveau pour moi, j’ai l’expérience du malheur. Si vous l’ordonnez, reine, c’est peu de quitter ce palais et cette ville : parlez, et je suis prêt à percer d’une épée ce cœur dévoré de chagrins.

CLYTEMNESTRE.

Moi, fille de Tyndare, j’aurais la cruauté de donner un ordre semblable ? quand on a partagé le crime, on ne trahit pas son complice. Retirons-nous tous deux à l’écart, et cherchons ensemble à résoudre les difficultés de la position menaçante où nous sommes.


Scène III.

CHŒUR DE FEMMES D’ARGOS.

Brillante jeunesse, chantez Apollon. C’est pour toi, dieu tout puissant, que ces guirlandes parent nos têtes ; c’est pour toi que les vierges d’Argos couvrent de branches