Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/430

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réel. Dans ce palais se donne un festin pareil au dernier festin de Troie. Ce lit est couvert de la pourpre d'Ilion. On boit le vin dans les coupes d'or du vieil Assaracus. Le roi occupe le haut de la table sur un tapis brodé; ses habits sont les magnifiques dépouilles de Priam. La reine l'invite à quitter les vêtements d'un ennemi, et à se couvrir plutôt d'une parure tissue par une fidèle épouse ---. Je tremble, je frissonne ---. Un banni tuera-t-il son roi? un adultère assassinera-t-il l'époux légitime? Les Destins ont prononcé :la fin de ce banquet verra le sang du maitre couler avec le vin. Un vêtement perfide le livre sans défense à la mort : ses mains captives ne peuvent sortir, sa tête est enfermée dans des plis larges et sans issue. Un lâche meurtrier lui perce le côté en tremblant; il n'ose achever; le fer n'entre qu'à moitié dans la blessure. Comme on voit dans les forêts un sanglier furieux essayer de rompre les toiles qui l'enveloppent, et en resserrer l'étreinte par ses vains efforts; ainsi le roi cherche à déchirer ces plis flottants et inextricables qui l'enferment de tous côtés; il s'agite en ses liens pour trouver son ennemi.La fille de Tyndare, hors d'elle-même, arme ses mains d'une hache, et, pareille au sacrificateur qui, avant d'immoler un taureau