Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/46

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ACTE TROISIÈME.
SCÈNE I. — HERCULE.

Dispensateur de la lumière, ornement du ciel, toi qui, en le parcourant d’un bout à l’autre sur ton char enflammé, réjouis la terre par l’éclat de ton front, pardonne, ô Soleil, si j’offre à tes yeux un spectacle qu’ils ne devraient point voir. Je ne fais qu’obéir en exposant à la lumière du jour les mystères du monde invisible. Et toi, père et souverain des Immortels, voile ton visage de la foudre ; et toi aussi, qui tiens sous ton sceptre le second empire, plonge-toi au fond des mers. Vous tous, dieux, qui du haut du ciel abaissez vos regards sur la terre, détournez vos yeux, si vous ne voulez pas les souiller par l’aspect d’un objet étrange, et reportez-les vers l’empyrée pour ne pas voir un monstre inconnu. Il ne doit être regardé que par celui dont la main l’a traîné sur la terre, et par celle qui a commandé cet exploit. La terre ne suffit plus ni à mon châtiment ni à mes travaux. La haine de Junon m’a forcé d’entrer dans des profondeurs inaccessibles à tous les regards, impénétrables au soleil, cachées sous le pôle inférieur, ténébreux empire de Pluton. Si j’avais voulu régner sur cette