Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/120

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l’Italie et une partie de l’Allemagne sous le nom de la Vicomtesse de Belleval ; ma dépense empêchait d’élever des doutes défavorables sur mon existence. Je me donnais pour une femme de condition qui avait épousé à Constantinople un vieux mari expatrié dans sa jeunesse pour duel, et qui avait fait par le commerce une grande fortune dont il m’avait fait héritière. Après avoir ainsi voyagé pendant deux ans, je me rapprochai des lieux où m’appelait le souvenir du Chevalier. Arrivée à Paris, je m’assurai que je n’y étais pas reconnue, et j’en eus un jour une preuve bien humiliante. J’avais dîné avec plusieurs personnes chez un fameux banquier sur lequel j’avais des remises considérables à toucher ; il nous fit voir après le dîner un cabinet de tableaux très-intéressans pour les