Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/123

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je me sentais portée à l’accuser d’infidélité. Enfin les amusemens de l’hiver me procurèrent l’occasion que je cherchais : je vis le Chevalier à un bal à Haymarket où je m’étais rendue masquée, et il me fut facile de l’aborder, et d’entrer en conversation avec lui, en feignant de le prendre pour un autre. Aux premiers mots que je lui dis, il témoigna une surprise extrême. Qu’entends-je, me dit-il, avec un trouble qui lui permettait à peine de continuer la conversation. Qu’avez-vous lui dis-je ? — Votre voix, Madame m’a frappé singulièrement, et j’ai cru entendre une personne dont je regretterai la perte toute ma vie. Il se remit un peu et s’efforçant de me reconnaître, il regardait mes yeux. Ah ! ciel, dit-il encore, ce sont les mêmes yeux… Je tâchais de rire et de tourner en