Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/173

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présence avait paru suspendre, et qu’elle cherche, à ce qu’il semble, à vaincre. On voit que ses nerfs sont en souffrance ; le bruit d’une porte la fait tressailiir, et elle est souvent prête à pleurer. J’ai tâché plusieurs fois de l’engager à s’occuper de sa santé ; mais elle me répond qu’elle ne sent rien. Je lui ai demandé, si elle avait quelque chagrin, et elle me dit que non, et a peine en le disant à retenir ses larmes. Son mari vieillit et devient d’une humeur fâcheuse et contrariante, il est peut-être en partie cause de son chagrin. Hélas ! ce n’est point le mari qui convenait à ma Victorine, et j’ai appelé la raison à mon secours pour me déterminer à faire ce mariage : vingt-huit ans de plus c’est une furieuse disproportion… Le ciel jusqu’ici ne répond pas aux vœux de la famille, qui a tout sacrifié