Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/197

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parler seules et cela prouve le besoin de l’effusion de l’ame.

Le Marquis paraît depuis quelque temps abattu et mélancolique. Son état me fait de la peine ; un homme à qui je dois la vie, et encore plus, celle de ma mère, ne peut cesser de m’intéresser ; mais quel mélange de profane et de sacré contient ma lettre ; je serais tentée de la déchirer, si je ne prenais pas un sensible plaisir à me faire voir à vos yeux telle que je suis.

Je ne me rappelais pas que le Marquis avait écrit pour être employé à l’armée du prince de Condé, et d’après cela il est à présumer qu’il ne tardera pas à partir. Cette guerre ne finira-t-elle donc pas ? que je plains ceux qui ont à trembler pour leurs parens, pour leurs amis ; heureusement que mon Émilie est à