Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/89

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de lui, excitèrent toute mon attention ; le besoin d’attachement qu’on éprouve dans la jeunesse, disposait mon cœur à la tendresse, et l’habitude de vivre familièrement avec un jeune homme aimable et modeste, détermina vers lui le penchant qui me portait à aimer. Il fut assidu pendant l’hiver qui suivit mon retour de la campagne, et mon amitié avec sa sœur devenue plus vive, nous rendait inséparables et multipliait les occasions naturelles de voir le frère. Mon mari sollicitait une charge à la cour ; il passait une partie de la semaine à Versailles, et l’ambition écartait de son esprit toute autre occupation que celle de faire sa cour. L’impression que j’avais faite sur le cœur du Chevalier n’avait pas été moins prompte, mais la timidité et une réserve fondée chez lui en principe, arrêtait l’essor de sa passion ;