Page:Séverine - Notes d'une frondeuse, 1894.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
94
NOTES D’UNE FRONDEUSE

plaisante, qu’il avait été conseillé à X*** de rendre l’argent et le mandat ; qu’X*** n’avait pas répondu quant à l’argent, mais s’était énergiquement refusé à restituer un mandat qui ne lui serait certainement pas offert à nouveau par des électeurs aujourd’hui plus tentés de l’envoyer barboter dans la Seine que de l’envoyer siéger au Palais-Bourbon.

Que peut-il résulter de cela, pour les honnêtes gens qui sont ses voisins de travée à la Chambre, sinon de partager la suspicion générale, d’être englobés dans le mépris public, d’être insultés injustement ? Voyez plutôt le cas de ce pauvre Mermeix que je dénonçais tout à l’heure — n’est-il pas affreux, pour un loyal garçon, d’endosser les actes d’un ténébreux gredin ?

Comment se fait-il, alors, que tous ténébreux ne somment point, par une action commune, l’X***, qu’on prétend être des leurs, de se nommer… c’est-à-dire de les décharger d’une responsabilité atroce ?

Quelques-uns l’ont commencé, m’a-t-on dit, mais isolément. Ce qu’il faudrait (pour dégager les vaincus qui subissent la défaite, mais ne sauraient accepter le déshonneur), ce serait de mettre en faisceaux leurs protestations, d’aligner leurs signatures, auxquelles ne manquerait que celle du coupable — ce serait déjà une désignation.

Les électeurs feraient le reste en pétitionnant ; en réunissant contre l’homme plus de voix qu’il n’en a surpris ; en portant le débat devant le Parlement, qui aurait à se prononcer sur la déchéance pour indignité.

Elle est réelle. Les plus anciens habitués des sentines politiques confessent que le cynisme de l’X*** dépasse tout ce qu’ils ont vu jusqu’à ce jour. Jamais