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NOTES D’UNE FRONDEUSE

l’aspect réjoui, la mine rubiconde, vous débitiez votre : « Frères, il faut mourir ! »

Il y a eu, n’est-ce pas, des blêmeurs et des verdeurs ; des grincements de dents au fond des pupitres ; une impression de malaise indéfinissable ?… On n’a rien dit, parce qu’il y avait du monde dans les tribunes ; mais ce que vous avez été jugé, à l’unanimité, incorrect, brutal, sans aucune délicatesse, et de tendances peu pratiques !

Comme politicien, vous vous êtes suicidé ; comme particulier, vous vous êtes régalé d’une distraction quasi royale. Faire chasser un Parlement par deux douzaines de grenadiers n’équivaut pas, comme ivresse, à solliciter son abdication, au nom du salut public — et à la voir refuser !

Bien joué !

Renoncer à leur mandat ! Plutôt la mort… la leur, celle de la République, et celle du petit commerce parisien !

D’aucuns sont là depuis le 4 septembre, protestations vivantes contre la « tyrannie » ; et ce serait inhumain, si tard, de changer leurs habitudes ! D’autant que le pli est pris, le ressort remonté. Ils viendraient quand même s’asseoir au bas du perron, les jours de séance, incitant les visiteurs à des offrandes émues ; bons vieillards au masque de Bélisaire, tendant à la sensibilité nationale leur képi de gardes nationaux.

— Un petit vote, citoyens électeurs, pour l’amour de l’Être suprême !

D’autres s’y trouvent, simplement parce que leur père en fut ; ce régime qui se targue de supprimer l’héré-