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BAUDIN


Ce fut un honnête homme, ce Baudin, qui tomba, la tempe trouée, sur la barricade du Marché-Noir, le 3 décembre 1851.

Ce fut, en tout cas, un homme de parole ; car ayant dit, en mai, à la tribune : « Nous mourrons, s’il le faut, avec et pour la vile multitude ! » il mourut — ou crut mourir pour elle — sept mois plus tard.

Mais il ne mourut pas « avec » elle ; il ne l’eut pas à ses côtés, il ne la sentit pas derrière lui ; il ne fut pas frappé dans ses rangs, comme il l’avait souhaité. La vile multitude (qui renverse sans haine les monarchies et n’en veut pas aux monarchies de se défendre) ne pardonne jamais les hécatombes organisées par ceux dont le pouvoir est son œuvre.

La vile multitude se souvint de la saignée terrible pratiquée sur elle, trois ans plus tôt, par des républicains, et dont ses veines restaient encore toutes blanches,

Elle répondit à Schœlcher : « Nous ne voulons pas