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SUR MADAME DE SÉVIGNÉ.


frir de ces infirmités qui lui firent de bonne heure quitter le service, où il s’était fort distingué. Il avait, deux années avant, dans la retraite de l’armée française, après la mort de Turenne, fait de grands exploits au sanglant combat d’Altenheim. Madame de Sévigné écrivait à sa fille qu’elle prenait grand soin à Vichy de ce cher chevalier de la gloire.

La plus grande des préoccupations de madame de Sévigné à Vichy (c’est assez dire que cette préoccupation se rapportait à sa fille) était son installation dans une nouvelle demeure, quand elle serait de retour à Paris. Elle voulait que madame de Grignan pût loger commodément sous le même toit qu’elle ; et pour cela elle avait jeté les yeux sur une charmante maison de ce quartier voisin de la place Royale qu’elle n’avait jamais quitté. Nous pourrions bien, si nous prétendions, à ce propos, indiquer tous ses changements de demeure, nous rendre coupable de quelques omissions. Nous savons seulement qu’elle était née dans une maison de la place Royale, qu’en 1646, comme le constate l’acte de baptême de sa fille, elle logeait, avec le marquis de Sévigné, rue des Lions-Saint-Paul[1] ; que le contrat de mariage de madame de Grignan désigne la rue du Temple, et l’acte de ce même mariage la rue Sainte-Avoye comme la demeure de madame de Sévigné ; qu’en 1671 elle était rue de Thorigny, et qu’en 1672, afin de pouvoir offrir à M. et à madame de Grignan « un logement bien à souhait, » elle avait été s’établir rue Saint-Anastase, dans le voisinage de M. de Guitaut. Il paraît qu’en 1677 ce logement à souhait n’était plus suffisant. La belle et vaste maison de la rue Culture-Sainte-

  1. M. et madame de Sévigné y demeuraient encore en 1649. Nous en avons la preuve dans le testament d’une demoiselle Anne Gohory, morte, cette année-là, dans cette maison de la rue des Lions. On trouvera, dans les notes, à la fin de la Notice (note 9), les principaux passages de ce testament. Nous ne les citons pas à l’appui d’un fait si peu important, mais parce que cette pièce, que nous regrettons d’avoir connue trop tard pour en faire usage dans la partie de notre biographie où nous racontons l’enfance de Marie de Chantal, révèle l’existence d’une personne, qui « l’avait, dit le testament, élevée toute jeune » d’une sorte de gouvernante ou de mie, que l’affection seule avait fait demeurer auprès d’elle, depuis qu’elle était devenue madame de Sévigné, et que celle-ci avait récompensée de cette affection par les plus grands soins.