Le crime d’une infraction aux édits portés contre le duel
était aggravé par la profanation du jour de Pâques. Le parlement de Paris rendit, le 24 avril, contre Bouteville, Pont-Gibaud et leurs seconds, atteints et convaincus de lèse-majesté
divine et humaine, un arrêt qui les déclarait ignobles, roturiers
et infâmes, les condamnait à être pendus et étranglés à une
potence croisée, qui pour cet effet devait être dressée sur la
place de Grève, et ordonnait que leurs maisons fussent rasées
et leurs biens confisqués. Mais on n’avait pu procéder contre
eux que par contumace. Ils avaient tous quatre pris la fuite.
Chantal s’était réfugié en Bourgogne où il se tint caché quelque
temps à Alonne, près d’Autun, chez son beau-frère le comte
de Toulongeon. L’effigie des condamnés avait à peine été attachée à une potence de la place de Grève, que, dès la nuit
même, des laquais, ayant avec eux quelques gens à cheval,
coupèrent la potence et emportèrent le tableau[1].
Quand l’orage fut passé, Chantal revint à Paris, puis insensiblement reparut à la cour, où le roi ne lui fit pas plus mauvais visage[2]. Le danger qu’il avait couru ne l’avait pas rendu plus prudent ; car six mois après il appela, de la part de Bouteville, Charles de Lorraine duc d’Elbeuf. Le roi fut averti et l’affaire arrangée[3].
Outre les querelles dans lesquelles il était engagé par ses amis, Chantal ne pouvait manquer d’en avoir de temps en temps pour son propre compte. On peut juger de son caractère par une de ses rabutinades, dont madame de Sévigné nous a gardé le souvenir[4]. Quand Schomberg fut fait maréchal de France (16 juin 1625), il lui adressa ce laconique compliment :
- « Monseigneur,
- « Qualité, barbe noire, familiarité. »
Madame de Sévigné explique ce petit billet, seul monument épistolaire de son père : « Vous entendez bien qu’il voulait