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juger par vous-même si c’est un petit sacrifice que celui de son opinion. Nous en dirons sur cela quelque jour davantage. Cependant croyez bien que je vous aime, et que je vous estime plus que tout ce que je connois de femmes au monde.


1670

101. DU COMTE DE BUSSY RABUTIN
À MADAME DE SÉVIGNÉ.

Ne recevant point de réponse de la marquise, nous demeurâmes longtemps sans nous écrire, jusques à ce que j’apprisse la mort du président Frémyot[1], dont elle héritoit en partie après la mort de la présidente, et sur cette nouvelle je lui écrivis cette lettre.

À Chaseu, ce 3e avril 1670.

Je vous assure, ma chère cousine, que j’ai été fort aise que M. Frémyot vous ait donné du bien en mourant ; mais si sa chère moitié l’avoit assez aimé pour s’enfermer dans un même tombeau, ma joie auroit été entière. Elle devroit avoir honte de survivre à un si honnête homme que celui-là. Cependant, comme vous mandez Mme de Toulongeon[2], vous êtes toutes deux en état d’attendre ; il ne vous faut que de la patience, et pour moi je ne la compte pour rien, dont bien me prend.


  1. Lettre 101. — i. Claude Frémyot, président au parlement de Bourgogne, était neveu du président Bénigne Frémyot, père de sainte Chantal : voyez la Généalogie p. 339. Claude Frémyot avait réservé à sa veuve l’usufruit de ses biens.
  2. Françoise de Rabutin, veuve d’Antoine de Toulongeon, seigneur d’Alonne, mère de la première femme de Bussy, et sœur du baron de Chantal, père de Mme de Sévigné. Elle mourut en décembre 1684.