Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 10.djvu/398

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mais ce sera à vous, divine Pauline, que je prendrai quelquefois la liberté d'en demander des nouvelles.


1458. -- DU C0MTE D'ESTRÉES[1]l AU COMTE DE PONICHARTRAIN [2]

A Toulon, le 15 mai 1696.

Monseigneur, Les affaires qu’il y a ici pour le service du Roi n’étant pas fort pressées, je n’ai point fait autant de diligence pour m`y rendre que j’aurois fait dans un autre temps ; j'ai passé à Grignan, comme j'ai eu l'honneur de vous le dire, où j`ai encore trouvé tout le monde dans l`affliction de la mort de Mme de Sévigné. Mme de Grignan en paroît extrêmement touchée ; mais quoiqu`elle soit très-abattue par la douleur et par une aussi longue maladie quela sienne, je ne l’ai pas cependant trouvée aussi changée qu’on me l’avoit dit avant que d'arriver, et je suis persuadé qu’elle se remettroit dans un air moins subtil que celui où elle est, qui à mon avis est très-contraire à son mal.[3]

J'ai reçu mille honnêtetés de M. de Grignan, et je vous assure, Monseigneur, que nous nous entendrons bien ensemble, et que le Roi sera bien servi s`il se présente quelque occasion pendant la campagne. De ma part, j’aurai toute l’attention possible à exécuter les ordres qu’il pourra m'envoyer et à faire les choses qui

  1. LETTRE 1458 (revue sur l’autographe inédit). -- 1. Victor-Marie comte d’Estrées, vice-amiral de France, chargé alors du commandement sur les côtes de Provence, sous les ordres du comte de Grignan. Il fut créé maréchal de France en 1703.
  2. 2. Ministre de la marine.
  3. 3. Voyez ci-dessus, p. 384 et 391, et ci-après, p. 395.