Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/110

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noient plus à vos aimables et gracieux propos, dont je suis toujours enchantée. Il faut, Monsieur, que je vous fasse part aussi des productions de ce pays-ci, où vous pourriez nous croire des sots. Le 29è juin, jour de S. Paul et jour de ma fête, elle fut célébrée par plusieurs poëtes en voici un échantillon que je me proposai d’abord de vous envoyer, mais j’en fus empêchée par ce qui m’est arrivé depuis ; je vous prie d’en faire part à Mme d’Ardène, et de me croire, Monsieur, avec une véritable considération, votre, etc.

7. DE MADAME DE SIMIANE A MADAME D’ARDÈNE.

La générosité, Madame, avec laquelle vous me rendez mon père tient un peu du quiétisme ; prenez garde à vous, dans un temps où chacun est soupçonné de quelque secte[1] je serois au désespoir qu’il vous arrivât quelque désastre à mon occasion. Je vous rends cependant mille grâces de m’avoir enfin renvoyé ce cher père, après lequel je soupirois depuis longtemps. Il ne tiendra pas à moi que nous ne vous rejoignions bien vite. J’en ai une impatience dont vous ne devez pas douter, et qui est fort naturelle. Il me semble que je ne reverrai jamais ce beau soleil dé Marseille ; et quand on parle du soleil, tout est compris les amis, les amies, les jeux, les plaisirs. Si je pouvois m’exprimer en vers, le sujet en vaudrait bien la peine ; mais quoique j’habite les mon-

  1. LETTRE 7. -- 1. La censure du quiétisme est de la fin du dix-septième siècle mais la fameuse constitution Unigenitus, qui condamnait les cent une propositions du janséniste Quesnel, est de septembre I713; elle fut enregistrée au Parlement en 1714.