ioS
apprendre d’eux comment il faut faire pour ne pas s’impatienter, et si on est bien aise quand tout est fini. J’aurai de plus qu’eux la jouissance, dont il m’a paru qu’ils ne faisoient pas grand cas. Mais quand l’aurai-je ? Je n’en sais rien. J’en suis aux doreurs, aux peintres et aux tapissiers, et j’attends le trophée du sieur Brunel avec impatience. Ma console partira demain ou après-demain. Quand je vous demanderai l’homme aux sonnettes, ce sera une grande belle marque, mon cher Marquis ce n’est encore qu’un château en Espagne.
Pour m’amuser, en attendant, je vends la terre de Grignan[1]2. Le marché est conclu, mais le contrat n’est pas fait, et jusqu’à ce moment, je ne tiens rien de fait. Nous n’avons point vu cette histoire de Charles XII[2] vous me donnez grande envie de la lire par tout ce qui en rebuteroit les savants. Pour vous dire humblement la vérité, je n’ai jamais aimé l’histoire toute sèche mais quand elle est ornée de jolis traits, de faits un peu fabuleux, dans le goût par exemple de Quinte-Curce, oh !alors je la lis avec grand plaisir. Je n’ai jamais pu avaler l’histoire de France, Mézeray, Varillas[3] : voilà ma confession. Les livres de morale ou les romans, c’est mon goût. J’ai abandonné les derniers, comme vous croyez bien, et on fait des choses admirables dans les premiers. Vous n’en
- ↑ 2. Voyez au tome I la Notice sur Mme de Sêvigné, p. 314.
- ↑ 3. La première édition, d’après Beuchot, est de 17Î3 les premiers exemplaires paraissent avoir été distribués par Voltaire en septembre et octobre : voyez ses lettres des 8 septembre et 2 novembre 1731. Le Mercure de février 1732 annonce à la fois la seconde et la troisième édition.
- ↑ 4. Mézeray, comme l’on sait, est auteur d’une grande Histoire de France (jusqu’à Louis XIII), 3 volumes in-fol., et en outre d’un Abrégé chronologique en 3 volumes in-4o. Varillas, entre autres ouvrages historiques, a écrit des Vies de Louis XI, Charles VIII, etc., qui forment comme une histoire de France de Louis XI à Henri IV.
