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comptes quand il vous plaira, pourvu que vous n’oubliiez point l’article de ce que je vous dois. 1

C’est à Madame la marquise de Caumont que j’ai l’honneur d’adresser ce qui suit.

On m’a dit, ma très-illustre Marquise, que vous étiez accablée de vapeurs. C’est M. de Jarente8 qui m’a dit cette triste nouvelle, et qui se vante de vous avoir soulagée avec des pois chiches de Ganges et ses joyeux propos. Il faut que ma cure soit plus difficile que la vôtre, car ce remède ne m’a rien fait. J’ai des vapeurs aussi, et depuis un mois que je suis partie d’Aix, je n’ai pas cessé de souffrir des coliques de toute espèce, des insomnies, des dégoûts, et tout cela s’appelle des vapeurs causées par cette brûlante canicule, à ce que l’on dit et le soleil avoit si bien pénétré ma pauvre petite guinguette, que j’ai été obligée d’en sortir et de venir achever ici ce terrible mois d’août, pour retourner au ior de septembre à Belombre. Je ne doute pas que ce même soleil, quoique plus foible à Avignon, ne cause tous vos maux. Je vous exhorte de tout mon cœur à n’y point faire de remède, et à combattre de toutes vos forces la tristesse et le découragement qui sont la suite de ces vilaines vapeurs. Je prends un intérêt bien tendre et bien considérable à votre santé, Madame. Gardez-vous bien de 3. Joseph-François deJarente, chanoine-capiseol de la cathédrale de Carpentras (1725), auteur d’une Relation dit siège de Cadcroussei Facétie en prose mêlée de vers français, patois et italiens (Carpentras, 1709); ou son frère Thomas-Dominique de Jarente, chevalier de Malte, colonel de la garde avignonaise à Rome, mort en 17S6, à lTâge de soixante et dix ans, au monastère de Casamari, diocèse de Veroli, où il s’était retiré sans se faire moine. Du reste il y a eu plusieurs branches de la maison de Gerente ou Jarente, et il pourrait être question d’un autre membre de cette famille. Un petit Jarente a été nommé ci-dessus, p. 188.