Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/345

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très-bonne famille et riche vous en jugez bien par tout’ ce que j’ai eu l’honneur de vous dire.

l/\8. DE MADAME DE SIMIAKE A D’HÉRICOlTaT. D’Aix, le 5 octobre 1736.

Que vous êtes gai! que vous êtes gaillard! que vous vous portez bien dans ce Boulay que vous êtes content d’y être! que vous adoucissez bien là votre sang! vous y faites passer bien plus de lait qu’il n’y a d’eau dans nos fleuves. Vous vous nourrissez comme les bergers de Lignon1 il me semble que je vous vois la houlette, la panetière, etc. Mais Astrée, Philis, Diane, où sont-elles? je n’en entends pas parler. Avez-vous le druide Àda mas s? Le ver solitaire et tous ses camarades sont bien assoupis pour le coup; mais comme vous dites fort bien, Monsieur, ils vous attendent sur le chemin. Par quel privilége, s’il vous plaît, seriez-vous l’unique mortel heureux ? Tout au plus nous vous laisserons le temps du Boulay. Profitez-en bien, et puis revenez vous rejeter dans le mouvement et dans l’agitation de la cour et de la ville, et ensuite dans les brasiers de Provence. Nous avalons du feu au lieu de lait, et il n’y a rien qui n’y paroisse. J’ai trouvé à Aix des tracasseries sans nombre, de toutes les espèces, dans tous les états et étapes, et la ville est pourtant déserte jugez ce qu’elle sera quand elle sera remplie. L’histoire du jour est la grandissime séparation et brouillerie de M. et Mme de Bandol avec Leraus 148. 1. « comme les bergers duLignon. » (Édition de 1818.) Voyez tome IV, p. 482, note 4.

s. Voyez tomes III, p. 142, note 7; IV, p. 457, et X, p. t32.

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1736