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ments de leurs dernières dispositions, et toujours par la supposition que nous savons tout tant y a que nous n’en savons que trop, et quand on sait leur vie, on ne se dit que trop les circonstances de leur mort, à moins de ces grâces finales de bon larron, qui sont si rares qu’on ne doit pas y compter. Il faut pourtant paroitre tous à ce grand tribunal; et que feront ceux qui n’y apportent que des actions du Missisipi* ? Je tremble de plus en plus, mon cher Monsieur: je tremble pour moi, primo; je tremble pour mes amiss pour les morts, pour les vivants, pour vous en particulier je voudrois vous voir un saint. Le tourbillon d’affaires, de devoirs, de cour, d’intendance ah mon Dieu, que d’obstacles! Je pleure ce pauvre abbé de Bussy car je ne connoissois guère Monsieur de Luçon, et on ne le connoissoit pas dans son diocèse; je ne connois rien à ce codicille, et j’éloigne ma pensée de tout ce qu’il présente à l’esprit. Votre lettre, Monsieur, remplie de toutes ces morts, a été cause d’une chose qui vous fâchera peut-être, et dont je vous demande pardon je vous avoue ingénument que saisie Paris, où elle réunissait une société d’aimables épicuriens. On l’avait surnommée dame de volupté, à cause de son goût pour les plaisirs; elle y fait allusion dans l’épitaphe qu’elle se composa elle-même, et qui ne justifie que trop le pieux effroi que Mme deSimiane ne pouvait s’empêcher d’éprouver

Ci-gît dans une paix profonde

Cette dame de volupté^

Qui pour plus grande sûreté

Fit son paradis dans ce monde.

(JVote de Vèdition de 1818.)

Voyez sur elle et sur son mari, Saint-Simon, tomell, p. 437 et suivantes, et tome IV, p. iog et 327.

4. Allusion au testament olographe que l’évêque de Luçon signa le a juin 1736. Il y disposait de cent actions du Mississipi au profit de différentes personnes, entre autres de la marquise de Rouvray, qui avait été publiquement sa maîtresse.