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476 NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.

de ses amis. Les admirables préfaces de MM. Pellisson et Massieu peuvent elles seules dédommager le public de n’avoir pas reçu des mains mêmes de Sarasin et de Tourreil les excellentes productions qu’ils ont laissées. Mais persuadé qu’on ne me soupçonnera point de la sotte vanité decroire avoir réussi, comme ces deuxillustres éditeurs, je me contenterai de dire que j’ai du moins tâché de suppléer, par une application longue et assidue, à tout ce qui me manque d’ailleurs. Si Mme de Sévigné avoit prévu que ses lettres seroient un jour

imprimées, il est à présumer qu’elle y auroit mis et plus d’art et plus de soin; mais est-il bien sûr qu’elle fût arrivée au point de perfection que l’on remarque dans ses lettres, si en les écrivant elle ne s’étoit entièrement livrée à son naturel s ? Son style est d’autant plus épistolaire qu’il est plus souvent négligé, et qu’elle n’a peut-être jamais songé à écrire une belle lettre2. Mais que ne fait-on point, même sans y penser, avec du génie, de l’esprit, et une imagination fertile et riante ? Tout s’embellit sous la plume de Mme de Sévigné, tout y prend de la vie et de la couleur, et jusqu’à ses pensées les plus brillantes, il ne lui échappe rien qui ne semble être amené par un sentiment fin et délicat, en sorte que son esprit ne marche, pour ainsi dire, qu’à la suite de son cœur. Mais c’est trop m’arrêter sur un sujet au-dessous duquel je ne pourrais que demeurer; et je me hâte de rendre compte de la conduite que j’ai tenue dans cette seconde édition.

Toutes leslettres nouvelles sont marquées en haut d’un astérisque (*);

mais lorsque dans les anciennes il y a quelque article nouveau d’inséré, et qu’il est tant soit peu intéressant, F astérisque est placé, selon le besoin, ou au commencement ou dans le-corps de la lettre, et l’article est continué jusqu’au premier alinéa. Si, au contraire, l’article nouveau n’est que de quelques lignes, il ne sera marqué d’aucun (*). Mais pourquoi, dira-t-on, tant de choses nouvelles dans quelques-unes des lettres qu’on a déjà vues ? c’est qu’elles avoient été imprimées sur des copies imparfaites, et que les originaux m’en sont revenus dans la suite. Quant aux notes, les anciennes ont été presque toutes ou changées ou refondues, et le nombre en est d’ailleurs très-augmenté dans cette édition, de sorte que le lecteur s’apercevra sans peine que rien n’a été oublié de ce qui pouvoit servir à l’intelli1 J’ai toujours pensé qu’il en étoit de Mme de Sévigné pour les s lettres^

comme de la Fontaine pour les fables. Ce sont deux modèles si parfaits, chacun dans leur genre, que c’est déjà un assez grand mérite que de bien sentir seulement ce qu’ils valent. Ille se profecisse seiat cm Cîcero valde placebit. Quintilien. {Note de Perrin.)

2. Voyez la page 293 du tome VIII (les pages 323 et 324 de notre tome IX),

où Mme de Sévigné fait la critique des lettres trop étudiées. (Note du même.)