Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/591

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. 5o5 I

gnan n’avoit pas toujours assez correspondu au sentiment dont elle étoit l’unique objet.

U n’est peut-être pas inutile d’examiner ici très-rapidement quel

étoit le comte deBussy, auquel Mme de Simiane envoya cette copie des lettres de sa grand’mère. On a pensé jusqu’à présent que c’ étoit le fils aîné du fameux comte de Bussy Rabatin; il paroit plus vraisemblable que c’étoit l’abbé, comte de Bussy, qui devint évèque de Luçon. La suscription de la lettre de Mme de Simiane porte A M. lecomte de Bussj il est ditdans une lettre insérée dans Yllistoire littéraire de l’Europe, tome III, septembre 1726, p. 76, que Mme de Simiane avoit communiqué son manuscrit à un évéque de ses parents. Le fils aîné étoit connu la cour sous le titre de marquis de Bussy héritier du caractère fier et hautain de son père, il est probable qu’après l’avoir perdu, il ne reprit pas le titre de comte; qui étoit inférieur à celui sous lequel on le connoissoit; tandis que l’abbé de Bussy, son cadet, succéda tout naturellement à ce titre, et le porta dans la suite on est d’autant plus porté à croire que ce fut à l’évêque de Luçon que Mme de Simiane envoya la copie des lettres de son aïeule, qu’avant d’être promu à cet éVêché, l’abbé de Bussy a été longtemps grand vicaire de l’archevêque d’Arles, et qu’habitant dans le voisinage de Mme de Simiane, il a dû avoir avec elle des rapports plus fréquents. Dans ce cas, l’évêque de Luçon auroit composé la préface qui est à la tête des deux éditions de 172(1, et le passage de la lettre de Thiriot s’expliqueroittoutnaturellement.L’évêque de Luçon auroit donné au marquis de Bussy, son frère, une copie de son manuscrit, et de la préface qu’il y auroit jointe. Cette copie, égarée à la mort dece dernier, seroit tombée en la possession de l’abbé d’AmfreviUe et de Thiriot, et aussitôt que l’édition de Rouen auroit été mise en vente, chez Pissot^ quai des Augustins, où elle se débita, l’évêque de Luçon auroit fait imprimer la sienne à la Haye, et y auroit joint queiques fragments qu’il avoit négligé de réunir à la copie de son frère’.

Quoi qu’il en soit, la publication des deux éditions de 1726 fit

naître une multitude de réclamations. On y lisoit des plaisanteries assez vives sur la duchesse de Ventadour, alors gouvernante des enfants de France. La mémoire de Dangeau, mort depuis peu d’années, y étoit compromise par une anecdote humiliante; Mlle de Toiras y étoit nommée, comme ayant été maîtresse du marquis de Vardes pendant son exil; d’autres noms y paroissoient sans aucun déguisement. Mme de Simiane se vit exposée aux plaintes d’un grand nombre de familles elle étoit elle-même affligée de lire dans ces x. Voyez eî-dessus, p. 436 et suivantes.