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508 NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.

Les égards que l’on devoit à des personnes encore vivantes ont commandé d’autres suppressions.

Dans la lettre du i3 mars 167r, on lisoit, à la suite de la plaisanterie relative à Mme dé Ludres, qui avoit été prendre des bains de mer « Voici une chose à mon sens encore plus étrange, c’est de coucher demain avec M. de Ventadour, comme fera Mlle d’Houdancourt; je craindrois plus ce monstre que celui d’Andromède, contra il quai non vale elmo ne scudo. » Deux autres passages des lettres des 27 février et i5 mars 1671 contenoient des plaisanteries plus vives sur cette duchesse, qui étoit gouvernante des enfants de France quand ces éditions parurent, elle ne mourut qu’en i’744i dans un âge très-avancé.

Dangeau, mort peu de tempsauparavant, étoit fort maltraité dans la lettre du 5 janvier 1672 « MM. Dangeau et Langlée ont eu de grosses paroles, à la rue des Jacobins, sur un payement de l’argent du jeu. Dangeau menaça; Langlée repoussa l’injure parlui dire qu’il ne se souvenoit pas qu’il étoit Dangeau, et qu’il n’étoit pas sur le pied, dans le monde, d’un homme redoutable. On les accommoda ils ont tous les deux tort,,et les reproches furent violents et peu agréables pour l’un et pour l’autre. Langlée est fier et familier au possible, etc. » On ne trouve plus cetteanecdote dans les éditionsdei734 et dei7§4; le passage relatif à Langiée y est amené de cette manière « Vous caonnoissez Langlée il’est fieret familier au possible, etc. »

M. de Perrin, pour se conformer sans doute à la volonté de Mme de Simiane, fit disparaître les principaux passages des éditions de 1726 qui auroient pu faire présumer que Mme de Grignau avoit quelquefois affligé sa mère par une apparence de froideur, ainsi que les anecdotes relatives à des personnes vivantes ou mortes depuis peu de temps. Mais, par une singulière inadvertance, ou par un autre motif qui va être développé, on inséra dans l’édition de 1784 de nouveaux fragments, desquels il résultoit que des altercations plus sérieuses s’étoient élevées entre la mère et la fille, en 1G78 et 1679 en effet, des pages entières déposent des chagrins intérieurs qui privèrent, à cette époque, les habitants de l’hôtel de Carnavalet du bonheur qui sembloit devoir accompagner leur réunion. On a cherché à s’expliquer cette singularité: Mme deSimiane aura peutêtre pensé que l’état de la santé de sa mère, dans ces deux années, expliquoit suffisamment ce que ces passages présentent d’extraordinaire. On verra, dans une lettre adressée par Mme de Sévigné à M. de Grignan, le 27 mai 1678 qui paroît ici pour la première t. L’original de cette lettre appartient à M. le marquis d’Héricourt. (Note de l’édition de 18 18.)