Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/80

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  • 6 d. DE MADAME DE SÉVIGNÉ A MADAME

DE GRIGNAN.

A Livry, jeudi au soir.

LE temps est fort triste et tout à fait tourné à la pluie ; ne venez point vous dégoûter entièrement de cette petite solitude ; il reviendra encore quelques beaux jours ; si vous venez nonobstant le temps, je les trouverai fort heureux. Pour moi[1], je soutiendrai ici ma petite gageure, et m’en retournerai bien vite auprès de vous. Je n’ai pas laissé de me promener ce soir ; il y avoit une sainte horreur2 [2]assez charmante ; mais en vérité la solitude ressembloit trop à celle que Mlle d’Alerac nous proposoit l’autre jour. L’Odyssée[3] m’est fort nécessaire je suis assurée que ce livre me divertira. Bonsoir, ma chère bonne : peut-être que le soleil me fera changer d’avis demain matin. Surtout, ma bonne, ne vous fatiguez point, et conservez cette santé si délicate. J’embrasse tout ce qui est autour de vous.

  • Appartenant à M. Rathery.
  1. LETTRE 6 d (revue sur l’autographe*). 1. « Pour moi » est écrit au-dessus de mon, raturé; et, six lignes plus loin, ce livre, au-dessus de elle, également effacé.
  2. . Comparez tome IX, p. 102.
  3. 3. Ce mot, dans l’original, a une orthographe singulière, et qui peut étonner sous la plume de Mme de Sévigné". Au lieu de l'Odyssée, on lit: laudicee. Plusieurs traductions françaises de l’Odyssée ont été publiées au dix-septième siècle celles de Certon (1615), de Boitel (1619), de Picou (1650). Il y en a une de Peletier qui remonte à 1874. En 1681, de la Valterie donna une traduction à la fois de l’ Iliade et de l’Odyssée.