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de celles de Boyer[1] : voilà ce qui s’appelle bien louer ; il ne faut point tenir les vérités cachées. Nous en jugerons par nos yeux et par nos oreilles.

Du bruit de Bajazet mon âme importunée[2].

fait que je veux aller à la comédie[3].

J’ai été à Livry. Hélas ! ma bonne, que je vous ai bien tenu parole, et que j’ai songé tendrement à vous ! Il y faisoit très-beau, quoique très-froid ; mais le soleil brilloit ; tous les arbres étoient parés de perles et de cristaux : cette diversité ne déplaît point. Je me promenai fort. Je fus le lendemain dîner à Pompone : quel moyen de vous redire ce qui fut dit en cinq heures ? Je ne m’y ennuyai point. M. de Pompone sera ici dans quatre jours. Ce seroit un grand chagrin pour moi si jamais j’étois obligée à lui aller parler pour vos affaires de Provence. Tout de bon, il ne m’écouteroit pas ; vous voyez que je fais un peu l’entendue. Mais, ma foi ! ma bonne, rien n’est égal à Monsieur d’Uzès : c’est ce qui s’appelle les grosses cordes. Je n’ai jamais vu un homme, ni d’un meilleur esprit, ni d’un meilleur conseil : je l’attends pour vous parler de ce qu’il aura fait à Saint-Germain.

Vous me priez de vous écrire doublement de grandes lettres ; je pense, ma bonne, que vous devez en être contente : je suis quelquefois épouvantée de leur immensité.

    fils de Mme de la Baume : voyez la note 7 de la lettre 80. — Au sujet de cette parole de Tallard, Perrin s’écrie en note : « Exagération outrée. »

  1. 8. Claude Boyer, membre de l’Académie française (1666), né en 1618, mort en 1698. Chapelain voit en lui « un poëte de théâtre qui ne cède qu’au seul Corneille en cette profession. »
  2. 9.

    Du bruit de ses exploits mon âme importunée.

    (Racine, Alexandre, acte I, scène II.)
  3. 10. Dans les éditions de Perrin, on lit de plus ici : « Enfin nous en jugerons. »