1673
M. de la Rochefoucauld dit que l’ambition de Sévigné est de mourir d’un amour qu’il n’a pas ; car nous ne le tenons pas du bois dont on fait les fortes passions. Je suis dégoûtée de celle de la Fare : elle est trop grande et trop esclave ; sa maîtresse ne répond pas au plus petit de ses sentiments : elle soupa chez Longueil[1] à une musique[2] le
- ↑ 7. Vraisemblablement Jean de Longueil, maître en la chambre des comptes, puis conseiller d’État et directeur général des finances, mort en juin 1687, frère de René, marquis de Maisons, second président au parlement, mort en septembre 1677.
- ↑ 8. Tel est le texte de la première édition (1751). Dans celles de 1804 et de 1805, on a ajouté pour éclaircir la phrase : « et assista (à une musique). »
de cette compagnie, qu’il commanda avec grand honneur à Senef comme sous-lieutenant, vendit sa charge en 1677 à Charles de Sévigné, et fut de 1684 à sa mort (1712) capitaine des gardes de Monsieur et du duc d’Orléans son fils. Il épousa en novembre 1684 Louise-Jeanne de Lux de Ventelet, morte en 1691, et en eut deux fils qui devinrent, l’un maréchal de France (1746), l’autre très-indigne évêque-duc de Laon. — Est-ce de l’amour de la Fare pour la marquise de Rochefort que veut parler Mme de la Fayette ? On l’a supposé d’après ce passage des Mémoires de la Fare, tome LXV, p. 223 : « L’on ne sait si de son vivant (du vivant du marquis de Rochefort, maréchal en 1675, mort en 1676) Louvois n’était pas amoureux de sa femme ; mais il est certain qu’il le fut après sa mort, et que cette passion dura autant que la vie de Louvois. On prétend que le vieux le Tellier avait aussi été amoureux d’elle… et bien des gens ont attribué l’aversion du père et du fils pour moi à cette passion ; car ils s’imaginèrent tous deux que j’en étois amoureux, et mieux traité que je ne l’étois effectivement. Il y avoit plus de coquetterie de ma part et de la sienne que de véritable attachement. Quoi qu’il en soit, ç’a été là l’écueil de ma fortune, et ce qui m’attira la persécution de Louvois, qui me contraignit enfin de quitter le service. » Voyez encore la p. 231 de ces mêmes Mémoires ; la lettre du 19 mai 1677 ; et sur la grande passion de la Fare, sur « sa religieuse adoration » pour Mme de la Sablière (1676-1680), plusieurs lettres, entre autres celles du 19 août 1676, du 4 août 1677, du 8 novembre 1679, du 24 janvier et surtout du 14 juillet 1680. Saint-Simon, tome X, p. 203, parle de la gourmandise de la Fare dans les dernières années de sa vie, de sa somnolence, de sa grosseur démesurée.