Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 94 —


———
1675
n’avoit quasi point perdu de troupes, que tout revenoit à Thionville et à Metz, qu’il y avoit tant de cavalerie, tant d’infanterie, il leur répondit « Mais en voilà plus que je n’en avois ; c’est une plaisante manière de faire des recrues. » Le maréchal de Gramont dit « C’est que vos troupes ont fait des petits, Sire[1]. » Les courtisans trop courtisans devroient bien se corriger de leurs basses flatteries avec un tel maître[2]. Le maréchal de Créquy est dans Trèves : si quelque balle a la commission de le tuer, je crois qu’elle le trouvera aisément de la manière enragée dont on dit qu’il s’expose[3].

Monsieur le Prince est arrivé à l’armée d’Allemagne. Il a dit à des gens qui l’ont vu[4] à Châlons qu’il auroit bien souhaité de causer seulement deux heures avec l’ombre de M. de Turenne, pour prendre ses lumières sur la connoissance qu’il avoit des affaires de ce pays-là. Si la goutte l’y vient trouver au mois d’octobre, comme elle fait tous les ans, ce sera un étrange malheur.

Vous avez sans doute entendu louer le chevalier de Grignan sur le passage du Rhin : on ne peut pas avoir été distingué plus agréablement ; et afin que je fusse aussi[5] contente du côté du maréchal de Créquy, la Trousse y a fait des merveilles[6]. Si M. de Luxembourg fait quelque chose en Flandre, il faudra pour achever ma joie que mon fils se fasse louer, et revienne en bonne santé.

Sur[7] la plainte que le maréchal d’Albret a faite au Roi

  1. Cette phrase n’est pas dans le manuscrit de l’Institut.
  2. Mme de Sévigné raconte, en d’autres termes, les mêmes anecdotes à Mme de Grignan, dans la lettre du 19 août précédent.
  3. Voyez le commencement de la lettre précédente, p. 86.
  4. Dans le manuscrit de l’Institut: « qui l’ont été voir. » La phrase suivante « Si la goutte, etc.,» y est omise.
  5. « Que je fusse encore. » (Manuscrit de l’Institut.)
  6. Voyez l’Histoire de Louvois de M. Rousset, tome II, p. 176, 177.
  7. Toute la partie relative au maréchal d’Albret et au marquis