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1675d’Hacqueville d’entrer dans cette affaire ; il en a fait la sienne, il y a travaillé, il a disputé contre Parère[1], qui étoit contraire ; il l’a rapportée devant M. de Pompone, pour empêcher qu’il ne la comprît mal : enfin il n’y a qu’à baiser les pas par où il passe. Le Sénéchal est si étonné de trouver un cœur comme celui-là sur la terre, et d’avoir gagné son affaire, qu’il me croit la plus riche femme de France d’avoir un. tel ami : il a raison. Servez-vous-en donc, sans crainte de l’ennuyer ; et du gros abbé[2], si vous avez quelque lettre de change à envoyer, car il faut connoître les talents.

Vous ne manquerez pas de nouvelles : la bonne Troche vous mandera les grandes ; mais comme vous dites, tout va bien ; il n’y aura que douceur et agrément dans le reste de cette année. Comprenez un peu ce que c’est que ce grand prince de Condé, qui se retire, qui se retranche, et qui envisage le mois d’octobre et la goutte.

M. de Lorraine ne vouloit point qu’on s’amusât au siège de Trèves, et disoit : « Vous y périrez, Messieurs : songez qu’il y a quatre mille hommes[3], et un maréchal de France en colère. » En effet, ce maréchal fait des miracles : il nettoie tous les deux ou trois jours la tranchée avec. une propreté extraordinaire ; mais enfin, mes belles, rien n’est imprenable, il faudra se rendre. La maréchale[4] dit toujours que M. de Sanzei est dans Trèves ; je ne le crois point du tout : ce seroit une belle chose si pendant que sa femme le pleure d’un côté, et refuse l’espérance de le trouver dans cette place assiégée, elle alloit apprendre qu’il y eût été tué[5] !

  1. Premier commis de M. de Pompone. (Note de Perrin.)
  2. L’abbé de Pontcarré.
  3. La seconde édition de Perrin ajoute : « dans Trèves. »
  4. La maréchale de Créquy.
  5. La seconde édition de Perrin ajoute : « Ce sont des folies. »