Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/140

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1675M. de Luxembourg ne veuille l’empêcher, ou ne fasse un siège : cela me trouble pour mon pauvre Sévigné. On dit aussi que Monsieur le Prince ne veut pas attendre l’hiver en Allemagne, et qu’on y enverra M. de Schomberg. Ma bonne, ce n’est plus pour vous apprendre des nouvelles que je vous écris ; c’est pour en causer avec vous. Je me ressouvins l’autre jour, à Blois, d’un endroit si beau où nous nous promenions avec ce pauvre petit comte des Chapelles [1], où il vouloit retourner ce sonnet[2] :


Je veux finir mes jours dans l’amour de ma mie.


Mon Dieu ! ma chère bonne, que je suis fâchée de vous quitter, et que je vous aime chèrement ! Je vous embrasse d’un cœur qui n’a point son pareil. Si j’offense M. de Grignan, j’en suis fâchée, et je le baise pour l’apaiser. Si vous avez M. de Vardes et notre Corbinelli, je ne vous plains point avec cette bonne compagnie. L’histoire des Croisades est fort belle[3] ; mais le style du P. Maimbourg me déplaît fort : il a ramassé le délicat des mauvaises ruelles[4].


Faites grâce à son style en faveur de l’histoire


je le veux bien.

    à une heure et demie de Charleroi, pour être à portée de Liége, en cas que les ennemis y marchent, ce qu’on ne croit pas.

  1. Voyez tome II, p. 319, note 7.
  2. Le fameux sonnet de Voiture, qui commence par ce vers :
    Il faut finir mes jours dans l’amour d’Uranie.
    — Nous avons suivi pour le vers cité le texte de la Haye (1726) ; au lieu de ma mie, il y a dans l’édition de 1734 : Uranie, comme chez Voiture ; dans celles de Rouen et de 1754 : Marie.
  3. L’Histoire des Croisades du P. Maimbourg parut en 1675. L’achevé d’imprimer est du 10 mars.
  4. « Il sent l’auteur qui a ramassé, etc. » (Édition de 1754.)
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