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1675« Madame, je vois de quelle manière vous me traitez, mais je suis assuré que vous ne me sauriez refuser votre estime. » Voilà le premier tome ; je vous en manderai la suite, et je ne veux pas qu’il y ait présentement une personne en France mieux instruite que vous des intrigues de Danemark. Quand je ne vous parlerai point de cette cour, je vous parlerai de Pilois[1], car il n’y a rien entre-deux. Ce sont des secrets pourtant que tout ceci ; surtout ne dites pas le nom du comte.

Je suis fort aise que vous dormiez à Grignan, et que vous n’y soyez pas si dévorée. Pensez-vous que vous soyez seule en peine d’une santé ? Je songe fort à la vôtre. Vos fleurs et vos promenades me font plaisir. J’espère que j’aurai des bouquets de ce grand jardin que je connois. J’avois dessein de vous demander un peu de vos bons muscats : quelle honte de ne m’en pas offrir ! mais c’est qu’ils ne sont pas encore mûrs.

Ma fille, au nom de Dieu, dites-moi de quel ton vous me parlez de ce que j’ai refusé votre portrait à la sœur de Quanto[2] ; je crois que vous trouvez que j’ai été trop rude : mandez-le-moi ; je suivis mon premier mouvement, et je crois que j’en suis brouillée avec le Coadjuteur. On me mande que vous l’aurez bientôt : quand je songe quelle compagnie de campagne il va trouver, j’admire qu’il puisse tant regretter les dames qu’il voit tous les jours.

La Trousse est à Paris, comme vous savez on parle de

  1. Jardinier des Rochers. (Note de Perrin.) —Une note de l’édition de Rouen (1726) fait de Pilois le maître à danser du roi de Danemark : dans celle de la Haye (1726), « je vous parlerai de Pilois » est remplacé par : « je vous parlerai du pôle. »
  2. L’abbesse de Fontevrault. — Sur ce refus du portrait, voyez la lettre du 9 septembre précédent, p. 123 et suivante.