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1675 paix à cet antre qui lui avoit fait tant de plaisir. Pour nos sentences, elles ne sont point défigurées ; je les visite souvent; elles sont même augmentées, et deux arbres voisins disent quelquefois les deux contraires :

La lontananza ogni gran piaga salda

[1],

et

Piaga d’amor non si sana mai [2]

Il y en a cinq ou six dans cette contrariété. La bonne princesse étoit ravie je le suis de la lettre que vous avez écrite au bon abbé, sur le voyage de Jacob dans la terre promise de votre cabinet [3].

Mme de Lavardin me mande, comme une manière de secret encore pour quelques jours, que d’Olonne marie son frère à Mlle de Noirmoutier [4]. Il lui donne toutes les terres du Poitou, une infinité de meubles et de pierreries ; il en fait ses enfants ils sont tous à la Ferté-

    des nymphes qu'un pasteur ne mène jamais près de vous son troupeau. »

  1. 9. « L’absence guérit toute grande blessure. » - C’est un vers du Pastor fido de Guarini (acte III, scène III). Plus haut, au commencement de la lettre du 10 novembre 1673 (tome III, p. 266), Mme de Sévigné a cité, en changeant la construction, le vers qui suit celui-là dans le poëme italien :
    Quel che nel cor si porta, in van si fugge.
  2. « Blessure d’amour ne se guérit jamais. »
  3. Voyez la lettre du 29 septembre précédent, p. 151 et 152.
  4. Dans l’édition de 1734 « un frère qu’on appeloit chevalier. » - François de la Trémouille, marquis de Royan, comte d’Olonne après le décès de son frère aîné (mort sans postérité en 1686 voyez tome II, p. 77, note 19), épousa, le 31 décembre 1675, Yolande-Julie de la Trémouille, fille puînée de Louis et sœur d’Antoine-François, ducs de Noirmoutier (voyez tome I, p. 423, note 2 ; tome II, p. 17, note I). Mme de Royan, car ce fut le nom qu’elle prit (voyez la lettre du 13 novembre suivant et celle du 5 janvier 1676), mourut trois ans après son mari, en 1693.