Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/206

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1675qui vous feront voir l’extravagance et la grande puissance de l’orviétan[1] ; cela vous divertira et vous fera pitié. C’est un mal terrible que cette disposition à se prendre par les yeux. La princesse m’a donné le plus beau petit chien du monde : c’est un épagneul ; c’est toute la beauté, tout l’agrément, toutes les petites façons, hormis qu’il ne m’aime point ; il n’importe, je me moquerai de ceux qui se sont moqués de la pauvre Marphise ; cela est joli à voir briller et chasser devant soi dans une allée.

Monsieur l’Archevêque[2] nous mande le grand ordre qu’il a mis dans vos affaires : Dieu en soit béni, et prenne soin de l’avenir ! Il nous parle du mariage de Mlle de Grignan, je le trouve admirable : il faudroit tâcher de suivre fidèlement cette affaire, et ne se point détourner de ce dessein. Mettez-y d’Hacqueville en l’absence du Coadjuteur : c’est un homme admirable pour surmonter les lenteurs et les difficultés par son application et sa patience. Vous avez besoin d’une tête comme la sienne pour conduire cette barque chez M. de Montausier[3] ; c’est un coup de partie, et voilà les occasions où d’Hacqueville n’a point son pareil.

Je croyois avoir été trop rude de refuser ce portrait à Mme de Fontevrault[4] : il me sembloit que, puisque tout le monde s’offriroit en corps et en âme, j’avois été peu du monde et de la cour, de ne pas faire comme les autres ; mais vous ne me blâmez point, et je suis pleinement contente. Ne vous ai-je point parlé d’une rudesse qu’avoit faite l’ami de Quanto au fils de M. de la Roche-

  1. Voyez tome II, p. 158, note 3.
  2. L’archevêque d’Arles.
  3. Mlle de Grignan était nièce de Mme de Montausier. Voyez la Notice, p. 251 et suivantes.
  4. Voyez les lettres du 9 septembre et du 2 octobre précédents, p. 123 et 158.