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1675cela. M. de Molac[1] est retourné à Nantes ; M. de Lavardin vient à Rennes. Tout le monde plaint bien M. d’Harouys[2] ; on ne comprend pas comme il pourra faire, ni ce qu’on demandera aux états, s’il y en a. Enfin vous pouvez compter qu’il n’y a plus de Bretagne ; et c’est dommage. Mon fils est fort alarmé de ce que le chevalier de Lauzun a permission de se défaire[3] : nous avons écrit à M. de la Trousse, qui parlera à M. de Louvois, pour que le guidon puisse monter sans qu’il lui en coûte rien ; nous verrons comme cela se tournera : d’Hacqueville vous en pourra instruire plus tôt que moi. Ce qui me console un peu, c’est qu’il y a bien loin depuis avoir permission de vendre sa charge, jusqu’à avoir trouvé un marchand. Le temps n’est plus comme il y a six ans, que je donnai vingt-cinq mille écus à M. de Louvois un mois plus tôt que je ne lui avois promis ; on ne pourroit pas présentement trouver dix mille francs dans cette province. On fait l’honneur à MM. de Fourbin et de Vins de dire qu’ils s’y ennuient beaucoup, et qu’ils ont une grande impatience de s’en aller. Ne vous ai-je pas mandé

  1. Voyez tome II, p. 297, note 6.
  2. Trésorier général des états de Bretagne. (Note de Perrin.)
  3. Voyez la lettre des ler et 4 décembre suivants. — « M. de Lauzun perdit aussi (en 1707) le chevalier (François) de Lauzun, son frère, à qui il donnoit de quoi vivre, et presque toujours mal ensemble. C’étoit un homme de beaucoup d’esprit et de lecture, avec de la valeur ; aussi méchant et aussi extraordinaire que son frère, mais qui n’en avoit pas le bon ; obscur, farouche, débauché, et qui avoit achevé de se perdre à la cour par son voyagé avec le prince de Conti en Hongrie. C’étoit un homme qu’on ne rencontroit jamais nulle part, pas même chez son frère, qui en fut fort consolé. » (Mémoires de Saint-Simon, tome VI, p. 146.) Le chevalier de Lauzun mourut à l’âge de soixante ans, sans avoir été marié. — Tout ce morceau, depuis : « Mon fils est fort alarmé, » jusqu’à : « trouver dix mille francs dans cette province, » n’est que dans l’édition de 1754.