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1675 venu de ses ambassades, on attendra longtemps ; car apparemment il n’en fera pas pour une. Je me suis plainte à d’Hacqueville ; c’est tout ce que je puis faire d’ici, et puis voilà qui est fait pour cette année : n’en direz-vous rien à Mme de Vins ? Elle m’a écrit une lettre fort vive et fort jolie : elle se plaint de mon silence, elle est jalouse de ce que j’écris à d’autres[1] ; elle veut désabuser M. de Pompone de ma tendresse ; il n’y a plus que pour elle : je n’ai jamais vu un fagot d’épines si révolté. Je lui fais réponse, et me réjouis qu’elle se soit mise à être tendre et à parler de la jalousie, autrement qu’en interligne. Je ne croyois pas qu’elle écrivît si bien ; elle me parle de vous, et m’attaque fort joliment.

J’eus ici, le jour de la Toussaint, M. Boucherat et M. de Harlay[2], son gendre, à dîner. Ils s’en vont à nos états, que l’on ouvre quand tout le monde y est : ils me dirent leur harangue : elle est fort belle. La présence de M. Boucherat sera salutaire à la province et à M. d’Harouys. M. et Mme de Chaulnes ne sont plus à Rennes. Les rigueurs s’adoucissent ; à force d’avoir pendu, on ne pendra plus. Il ne reste que deux mille hommes à Rennes ; je crois que Fourbin et Vins s’en vont par Nantes ; Molac y est retourné. C’est M. de Pompone qui a protégé le malheureux dont je vous ai parlé. Si vous m’envoyez le roman de votre premier président, je vous enverrai, en récompense, l’histoire lamentable, avec la chanson, du violon qui fut roué à Rennes[3]. M. Boucherat but à votre santé ; c’est un homme aimable et d’un très-bon sens il a passé par Veret ; il a vu à

  1. Voyez la lettre du 17 novembre suivant, p. 235.
  2. Sur Boucherat, voyez tome II, p. 308, note 5 ; et sur Nicolas de Harlay, p. 433, fin de la note 2. — Ils étaient tous deux commissaires du Roi aux états de Bretagne.
  3. Voyez la lettre précédente, p. 207.