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1675Ne vous embarrassez point dans les plaintes qui vous consoleroient, et je vous réponds que vous en serez contente. Mme de Guitaut doit bien l’être de Joubert, d’être accouchée si heureusement[1] : le pauvre homme eut bien de la peine ; ce sont de ces travaux-là qu’il lui faut. Je crois que la sagesse et la droite raison n’étoient pas appelées au conseil de ce voyage ; l’événement l’a rendu heureux ; mais ce sont des coups de miracle qui ne me rendroient pas plus traitable dans une pareille occasion. Quand je songe comme je vous ai vue à Aix, ma chère enfant, n’espérez pas que je pusse avoir aucun repos. Mme de Béthune[2] fait bien le contraire de sa sœur, si elle va accoucher en Pologne : c’est une agréable place que celle qu’elle va tenir.

Celle que vous tenez vous paroît ennuyeuse par la disette de non[3], et votre cœur en est affadi ; vous souhaitez un Montausier, et moi je souhaite que celui que vous questionnez à présent ne vous dise point non. Ce mariage me paroît une merveilleuse chose encore ce oui-là, et puis plus. Nous attendrons en repos le semeur de négatives. Les regards du Bonzi[4] en sont fort éloignés ; ils paroissent donc à Mme de Coulanges comme à nous. Les négatives se jettent sur les payements d’argent ; nous lui

  1. Mme de Guitaut était accouchée aux îles de Sainte-Marguerite, dont son mari était gouverneur. Joubert, l’accoucheur de Mme de Grignan, avait été appelé auprès de Mme de Guitaut. Voyez la lettre à M. de Guitaut, du 21 septembre précédent, p. 143.
  2. Sœur de la femme de Sobieski. Voyez tome III, p. 324, note 3.
  3. Ce mot a le signe du pluriel ( « de nons » ) dans la première édition de Perrin.
  4. Le cardinal de Bonzi, dit Saint-Simon (tome I, p. 404), fut « longtemps roi de Languedoc par l’autorité de sa place, son crédit à la cour, et l’amour de la province. » Il présida trente ans les états généraux du Languedoc. Voyez tome II, p. 517, note 6.