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1675suis laissé dire que les Rochers n’en valoient pas moins. Présentement nous sommes dans l’espérance qu’elle aura la fièvre quarte : elle nous en faisoit ses plaintes aujourd’hui, qu’elle recommençoit à tout moment pour attirer notre compassion. Elle nous a voulu montrer la force de son esprit, en se montrant toute résolue à passer son hiver et n’avoir que deux jours de santé et un de maladie. Pour nous, nous nous sommes jugés en même temps attaqués de la fièvre double-tierce, et nous sommes assez fâchés de prévoir que nous aurons, par ce moyen, deux jours de maladie contre un de santé. Du reste, les Rochers sont assez agréables. Ma mère continue à signaler ses bontés pour cette maison, en y faisant des merveilles. Le bien Bon a aligné des plants toute cette après-dînée : la chapelle est faite[1] ; on y dira la messe dans huit jours. Dieu nous conserve, ma pauvre sœur, une si bonne mère et un si bon oncle ! Je ne vous dis rien de ma charge : tout ira bien à force de mal aller. Je vous embrasse mille fois, et M. de Grignan aussi, que j’aime et honore parfaitement. Ma mère vient de s’écrier : « Ah mon Dieu ! je n’ai rien dit à ce matou ; » je ne sais de qui elle parle, mais elle m’a dit après : « Mon fils, faites mes compliments à M. de Grignan. »

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476. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À MADAME DE GRIGNAN.
Aux Rochers, mercredi 11e décembre.

IL n’y a qu’à avoir un peu de patience, ma très-chère : on trouve ce que l’on désire. J’ai reçu deux de vos pa-

  1. Cette chapelle, de forme octogone et surmontée d’une petite coupole, a été parfaitement conservée. (Note de l’édition de 1818.)