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1676j’ai lu avec un plaisir extraordinaire. Si vous aviez autant de loisir et de constance que moi, ce livre seroit digne de vous.

Mais reparlons un peu de cette assemblée de noblesse : expliquez-moi ces six syndics de robe et ces douze de la noblesse ; je pensois qu’il n’y en eût qu’un, et le marquis de Büous ne l’est-il pas toujours ? répondez-moi là-dessus : ces partis sont plaisants, cent d’un côté et huit de l’autre. Cet homme dont vous avez si bien fondé la haine qu’il avoit pour M. de Grignan, vous embarrassera plus que tout le reste, par la protection de Mme de Vins[1] ; le d’Hacqueville me le mande, et me recommande si fort de ne vous rien dire de. l’autre affaire, que je serois perdue pour jamais s’il croyoit que je l’eusse trahi : il faut que le grand Pompone craigne les Provençaux. Le bon d’Hacqueville va et vient sans cesse à Saint-Germain pour nos affaires ; sans cela nous ne lui pardonnerions pas le style général et ennuyeux dont il nous favorise. J’avoue que cet endroit dont vous me parlez est un peu répété ; mais vous le pardonnerez à ma curiosité, qui a commencé, et ma plume a fait le reste ; car je vous assure que les plumes ont grand’part à l’infinité de verbiage dont nous remplissons nos lettres. Je vous souhaite, au commencement de cette année, que les miennes vous plaisent autant que les vôtres me sont agréables.

Si la Gazette de Hollande avoit dit Mademoiselle de la Trémouille au lieu de Madame, elle auroit dit vrai ; car Mlle de Noirmoutier, de la maison de la Trémouille, a

  1. Mme de Vins, qui étoit belle-sœur de M. de Pompone, étoit d’ailleurs en grande considération auprès de ce ministre. (Note de Perrin, 1754.)