Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/335

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1676 vous écrivis le 19e octobre [1]. Vous en devez avoir reçu depuis ce temps-là deux autres de moi sans compter celle que je viens de vous écrire avec une pour Mme de Grignan [2]. Vous voyez par là que je me trouve bien de votre commerce et il faut dire la vérité c’est à mon gré le plus agréable qui soit au monde vous savez que je m’y connois et que je suis sincère.

Les nouveaux mariés et le nouveau beau-père vous rendent mille grâces de la part que vous prenez à leur satisfaction, et ils vous en souhaitent une pareille dans l’établissement de Monsieur votre fils.

Quand je vous ai mandé ma lassitude sur le titre de comte, j’ai cru que vous entendriez d’abord la raison que j’avois d’en avoir ; mais puisqu’il vous la faut expliquer, ma chère cousine, je vous dirai que la promotion aux grands honneurs de la guerre qu’on a faite, m’ayant donné meilleure opinion de moi que je n’avois, et que m’étant fait à moi-même la justice qu’on m’avoit refusée, j’ai été honteux de la qualité de comte [3]. En effet, me trouvant, sans vanité, égal en naissance, en capacité, en services, en courage et en esprit aux plus habiles de ces maréchaux et fort au-dessus des autres, je me suis fait maréchal in petto, et j’ai mieux aimé n’avoir aucun titre, que d’en il me connoîtra, comme je l’espère, personne n’est plus capable de m’estimer que lui.

  1. Voyez ci-dessus, p. 286, et p. 186.
  2. Ces dernières sont les lettres 486 et 487, p. 315 et 316.
  3. Dans le manuscrit de l’Institut, destiné sans doute, comme nous l’avons dit, à être mis sous les yeux du Roi, cette phrase se termine ainsi « .... que la promotion aux grands honneurs de la guerre que le Roi a faite m’ayant donné meilleure opinion de moi que je n’avois, et que m’étant persuadé que sans ma mauvaise conduite Sa Majesté m’auroit fait la grâce de me mettre dans le rang que mes longs et considérables services dans de grandes charges me devoient faire tenir, j’ai été honteux de la qualité de comte. »