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de charles de sévigné.

Vous voyez, dans ce que vous écrit ma mère, l’état véritable de sa santé ; mais quoique sa maladie ne fasse nulle frayeur, et que les sueurs commencent à diminuer ses douleurs, elles sont toujours si cruelles, que l’état où nous la voyons fend le cœur à tous ceux qui l’aiment : je crois que vous me faites bien la grâce de penser que je suis de ce nombre, et que je fais tout ce qui est en mon petit pouvoir pour la soulager. Je voudrois bien de tout mon cœur pouvoir être bon à quelque chose ; mais par malheur je ne suis bon à rien, et si j’ai quelque mérite, c’est celui d’avoir Larmechin, qui fait des merveilles jour et nuit. Vos lettres sont très-bonnes, et même nécessaires pour la santé et pour le divertissement de notre chère malade : c’est dommage qu’elles ne viennent que de huit en huit jours.

Nous n’ajoutons pas foi à votre philosophie sur vos victoires de Provence : vous pouvez voir, par l’affaire de M. de Coetquen, que la Provence n’est pas la seule province où il y ait des cabales. Ne trouverez-vous point plaisant que M. d’Hacqueville nous mande de Paris le détail de cette affaire, comme si nous n’étions pas à sept lieues de Rennes, et que nous n’eussions pas quelquefois des nouvelles de ce pays barbare ?

Vous saurez assurément les querelles qui sont arrivées aux noces de la Mothe#1, comme à celles de Thétis : la Discorde aux crins de couleuvre se mêla parmi les duchesses et les princesses, qui sont les déesses de la terre : enfin tout est assoupi, et il n’en arrivera point de nou-[1]

  1. Voyez ci-dessus, p. 305, la lettre du 29 décembre précédent. — On voit par une chanson de Coulanges, restée manuscrite, que M. de la Feuillade donna à Saint-Germain, à l’occasion de ce mariage, un très-beau bal auquel le Roi assista. (Note de l’édition de 1818.)