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1676il y a des héros d’amitié, dont je fais grand cas. Je remercie les pichons d’avoir remercié Dieu de si bon cœur, et je promets à M. de Grignan deux lignes de ma main aussitôt qu’on m’aura ôté mes cataplasmes. Je vous prie bien sérieusement de remercier toutes les dames et toutes les personnes qui se sont intéressées à ma santé : quoique ce soit au dessein de vous plaire que je doive ces empressements, ils ne laissent pas de m’être fort agréables, et je vous conjure de leur en témoigner ma reconnoissance. Je crains que votre frère ne me quitte ; voilà un de mes chagrins : on ne lui parle que de revues, que de brigades, que de guerre. Voici une maladie qui a dérangé nos bons petits desseins. Je fais venir en tous cas Hélène, pour ne pas tomber des nues ; et le temps nous rassemblera. Je vous conjure d’avoir soin de vous et de votre santé : vous ne sauriez me donner de marque de votre amitié qui me soit plus sensible. Adieu, ma très-aimable enfant, je vous embrasse de toute la tendresse de mon cœur. Voici le frater qui écrit à M. de Grignan[1].

à monsieur de grignan.

Quoique ma sœur ait pris toutes sortes de soins pour cacher l’état où elle est, vous ne devez pas douter, mon très-cher frère, que je n’eusse pris toutes les précautions imaginables pour la ménager, en cas que la maladie de ma mère nous eût fait la moindre frayeur ; mais heureusement, nous n’avons eu que le chagrin de lui voir souffrir des douleurs insupportables, sans qu’il y ait jamais eu aucune apparence de danger : vous aurez bien pu vous en apercevoir par nos lettres, qui vous auront tout à fait

  1. LETTRE 501. — « Vous savez que c’est la marque la plus sensible que vous puissiez me donner de votre amitié. Adieu, ma trèsaimable. Voici le frater qui veut parler à M. de Grignan. » (Édition de 1754.)