Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/376

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 370 —


1676 à l’autre ! et quel mouvement de passer de l’excès du trouble et de la douleur à une juste et raisonnable tranquillité ! J’attends lundi mes paquets égarés et retardés précisément le jour que je les souhaitois et cette date du 19° me redonne tous les soins de ma santé, qui eût été abandonnée [1]. Ma main n’en peut plus, mais je me porte très-bien, et je vous embrasse, et mon cher Comte.

Je repose donc ma main, ma très-chère, et fais agir celle de mon petit secrétaire. Je veux encore revenir à d’Hacqueville, et je veux approuver l’excès de ses soins, puisque cette fois ils m’ont été si salutaires. J’avoue que si j’avois reçu mes deux lettres, comme je le devois, j’aurois ri de sa lettre, comme quand il me mande les nouvelles de Rennes [2] mais je n’en veux plus rire, depuis le plaisir qu’il m’a fait. Mon fils est parti, et nous sommes assez seules, la petite fille et moi; nous lisons, nous écrivons, nous prions Dieu; l’on me porte dans ce parc, en chaise, où il fait divinement beau cela me fortifie; j’y ai fait faire des beautés nouvelles, dont je jouirai peu cette année, car j’ai le nez tourné vers Paris. Mon fils y est déjà, dans l’espérance de conclure la bonne affaire de M. de la Garde [3]. La bonne princesse me vient voir souvent, et prend intérêt à votre santé. La Marbeuf s’en est retournée elle m’étoit fort bonne pour me rassurer contre des traîtresses de douleurs qui reviennent quelquefois, et dont il faut se moquer, parce que c’est la manière de peindre du rhumatisme c’est un aimable

  1. « Qui alloit être abandonnée. » (Édition de 1754.)
  2. « Comme quand il me mande aux Rochers les nouvelles de Rennes. » (Ibidem.)
  3. La vente du guidon voyez la fin de la lettre précédente.