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1676roît une chose naturelle quand on aime la vie de quelqu’un. En récompense, je vous avertis que, sans miracle, le petit d’Adhémar vivra fort bien cent ans. Vous me marquez le 15e juin : nous avons supputé les lunes jusqu’au 9e février[1] ; il est de deux jours dans la neuvième, c’est assez. Au reste, le changement d’air et la continuation du beau temps m’ont fait un bien admirable. Si je pouvois être ici huit jours, Mme de Lavardin et ses soins achèveroient de me guérir ; mais j’ai mille affaires[2], et pour vous, et pour mon fils. Admirez ce contre-coup : le mariage de Tallard empêche Viriville d’acheter le guidon ; voilà nos mesures rompues : ne trouvez-vous point cela plaisant, c’est-à-dire cruel ? Mme de la Baume frappe de loin[3].

Si je vais à Bourbon, et que vous y veniez, ce sera ma véritable santé ; et pour cet hiver, l’espérance de vous avoir me donne la vie. Mme de Lavardin trouve l’Altesse de la Tarente sans conséquence et sans difficulté pour cette fois[4], et ne trouve point de comparaison entre Mme de Vaudemont, votre amie, très-loin de toute souveraineté, et la princesse Émilie de Hesse qui en sort tout droit[5] ; car depuis son veuvage on ne le lui conteste plus. Enfin je ne crois point vous avoir commise, après les exemples que j’ai vus. Votre chanson est trop plai-

  1. LETTRE 519. — Perrin a changé g en i dans sa seconde édition (1754).
  2. « J’ai mille affaires à Paris. » (Édition de 1754.)
  3. C’était la seconde fois que Mme de la Baume causait du chagrin à Mme de Sévigné. Sur ses torts au sujet du portrait inséré dans l’Histoire amoureuse, voyez les lettres de 1668, et particulièrement celle du 26 juillet (tome I, p. 608 et suivantes).
  4. Mme de Grignan n’avait pas répondu à Mme de Tarente, parce qu’elle hésitait à lui donner le titre d’Altesse.
  5. Mme de Tarente, comme on se le rappelle, était fille de Guillaume V, landgrave de Hesse-Cassel. Voyez tome II, p. 229, note 4.